Des experts média au sujet du média magazine en Belgique : Britt Luyten

Portret Britt Luyten, Maxus

De quel œil les experts média voient-ils les évolutions dans le paysage magazine ? Et que leur manque-t-il ? Nous l’avons demandé à une brochette d’experts dans les agences média. Comme Britt Luyten, Chief Client Officer chez Maxus.

Comment évaluez-vous les efforts des éditeurs magazine belges ?

Il est clair que les régies et éditeurs print ont beaucoup de difficultés. J’entrevois deux façons de gérer ça. D’une part, il y a les régies qui font de leur mieux pour passer chez nous, être visibles et tenter d’en apprendre un maximum sur nos clients afin de fournir une réponse sur mesure. D’autre part, il y a les régies dont on a nous-mêmes le sentiment qu’elles ont déjà jeté l’éponge. On les voit ou on les entend à peine et elles ne s’amènent pas non plus avec des nouveautés.

Sur quoi les éditeurs doivent-ils miser davantage ?

Sur le numérique. A mon avis, les éditeurs peuvent encore progresser dans ce domaine, mais je trouve qu’ils ont en tout cas fort tardé à sauter dans le train. Ils devront déjà foncer à toute vapeur pour ne pas être décrochés et pouvoir encore rattraper leur retard.

Je constate que Sanoma, par exemple, s’apprête à collaborer avec l’illustratrice Chrostin. Ça me semble une bonne initiative : c’est une étudiante talentueuse qui sait prendre le pouls d’une large frange de la cible de Sanoma. Aujourd’hui, elle compte déjà 56.100 followers et son livre fait l’objet d’un lancement à New York. Cependant, cette fois encore on s’y prend fort tard. En outre, l’information m’est parvenue via l’instastory de Chrostin même, et non via la régie.

Les journaux, qui initialement étaient aux prises avec la même problématique, sont venus nous voir, nous et nos annonceurs, bien plus rapidement, et ce avec des solutions innovantes et pertinentes. Je pense à Mediahuis et ses rapportages ou ses expériences RA sur mesure, ou à Metro, qui relie le print à des expériences et des activations. Ils ont toutefois quasi tous un équivalent mobile ou en ligne hyper pertinent de la version papier du journal.

Que conseillez-vous aux acteurs magazine ?

Quand on observe le consommateur, on constate qu’il n’a pas tellement changé dans ce qu’il aime bien comme contenu. Ce qui a fortement changé, c’est la façon dont il consomme  le contenu, où et quand il part à la recherche d’informations, etc.

Idem pour la nouvelle génération de planners en communication. Ce sont tous et toutes des natifs numériques. Ils ont l’habitude de travailler de façon intégrée et ne voient donc plus du tout l’online comme un média ‘on top’. Ils reçoivent en outre toutes les informations, à chaque instant, des quatre coins du paysage média et ne sont souvent plus eux-mêmes de grands utilisateurs de magazines imprimés.

Si alors les magazines veulent continuer à rester sur le radar de ces planners, ils devront s’imposer davantage, expliquer les avantages de leurs magazines et rebondir sur les besoins et les intérêts des consommateurs. Car il va de soi que les magazines peuvent toujours être pertinents au sein de certaines stratégies, absolument, et en ce qui me concerne cela vaut tous publics cibles confondus. Ou alors, ils peuvent indiquer ce qui leur semble pertinent.

Actuellement, la part des magazines dans le mix média de Maxus est plutôt limitée. Je constate toutefois que le part que nous investissons dans les magazines est bel et bien en ligne avec celles d’autres pays européens, comme les Pays-Bas, tandis qu’elle est légèrement inférieure à celle en France, mais supérieure à celle au Royaume-Uni, pour ne citer que ces pays-là.

Je crois qu’il pourrait à nouveau y avoir une perspective de croissance si les régies comblaient le vide qui existe tout de même toujours aujourd’hui en matière de contenu natif, de blogs pertinents, de clips DIY, etc. Dans d’autres pays (comme les Pays-Bas), le natif est très populaire, tandis qu’en Belgique il est toujours fort limité. En tout cas, les magazines ont le bon contenu pour s’y mettre.

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